Page 2 de 2

Ni d’ici ni d’ailleurs. Le Québec, les Juifs et moi.

de Léon Ouaknine

J’ai connu Léon Ouaknine, il y a à peine quelques mois, lorsqu’il m’a proposé la lecture de son manuscrit de science-fiction « La tentation d’Aladin » qui sortira prochainement. En le lisant, je pris immédiatement conscience que cet homme possédait une immense culture, littéraire, philosophique et scientifique. Enthousiaste, je me suis plongée totalement dans un roman qui fait réfléchir; une science-fiction philosophique, du genre  « Le meilleur des mondes » de Aldous Huxley. La plume de Léon est d’une grande qualité littéraire, doublée d’une analyse philosophique exceptionnelle. À l’époque, je ne connaissais pas son histoire familiale ni son parcours professionnel atypique.

C’est en lisant « Ni d’ici ni d’ailleurs. Le Québec, les Juifs et moi », que j’ai appris à mieux connaître mon nouvel ami. Son autobiographie se lit comme un roman. Je dois avouer que j’ai été agréablement surprise par la qualité de sa narration, alternant souvenirs et réflexions. Léon ne raconte pas seulement sa vie, à travers des épisodes et des anecdotes, il l’analyse aussi. Né d’une famille juive marocaine, « rigide et limitée« , écrit-il, Léon porte un regard aigu et sans complaisance sur son enfance. En 1947, alors qu’il avait 5 ans, la famille quitta Casablanca pour Israël, « un pays qui n’existait pas encore » et où ils demeurèrent à peine 19 mois, « se retrouvant seuls pour affronter la discrimination à l’encontre des mizrahi« . Son père décida alors d’aller vivre en France. La France, pays de liberté, ouvrit « les portes des Lumières » au jeune Léon.  Athée convaincu, il deviendra un « enfant des lumières« , mais demeurera toute sa vie, « divisé entre deux mondes » : juif et français.

« Ce n’est que des années plus tard que je réalisai que mes parents n’avaient qu’une part de responsabilité dans mon incapacité à être bien dans ma peau ; qu’une deuxième part était imputable aux autres cartes qu’on m’avait distribuées à la naissance, entre autres, ma génétique et qu’une troisième part, circonstancielle, fut le fait d’avoir été élevé en France, plutôt qu’au Maroc ou en Israël. La conjonction de ces trois aléas fut déterminante quant à ma vision du monde, de ma façon de penser et d’agir. J’étais français sans l’être vraiment, juif sans l’être vraiment et pourtant j’étais intensément français et intensément juif. Écartelé, je choisis d’être en même temps juif et enfant des Lumières, en pressentant et en acceptant que je ne serais jamais tout à fait à ma place, nulle part. » 

Les pans de sa vie qu’il relate souvent avec tristesse et parfois même avec morosité, nous dévoilent de nombreux souvenirs de lui et de ses proches, liés à son enfance. Les années qu’il passa en France lui firent découvrir « l’immense distance entre la façon insulaire et craintive de vivre de mes parents et l’exubérance du monde que je découvrais.« 

Léon arriva à Montréal en juillet 1968, à l’âge de 26 ans, « avec un visa de touriste et 70$ en poche pour tout viatique« .  Sa carrière nous en apprend beaucoup sur les communautés juives de Montréal, leurs services sociaux et de santé, leur philanthropie, les frictions linguistiques entre ashkénazes et séfarades, le début des CLSC, le premier Institut universitaire de gérontologie sociale et bien d’autres projets dont cet homme infatigable fut le créateur, le directeur et le promoteur. Il fut également un « observateur attentif » d’un Québec « en pleine affirmation identitaire« , qui devait « protéger sa culture et sa langue, alors que la communauté juive anglophone craignait, par-dessus tout, de voir un groupe ethnique confisquer le pouvoir, et peut-être faire éclater le Canada« . Quel plaisir ce fut d’apprendre qu’il s’opposa fortement et publiquement au « brulôt » anti-québécois francophones de Mordecai Richler. Sans hésiter, je dirais que « Ni d’ici ni d’ailleurs » devrait faire partie des livres d’Histoires du Québec et de Montréal.

« Ni d’ici ni d’ailleurs. Le Québec, les Juifs et moi », de Léon Ouaknine est une autobiographie iconoclaste écrite avec franchise et rigueur. Son identité, ses convictions personnelles, sa vision du monde, sa grande sensibilité, si bien exprimée à travers ses mots, nous convient à une lecture passionnante et enrichissante.

« Quoi qu’on fasse, l’identité n’est pas un simple masque qu’on endosse en sortant de chez soi, c’est une dimension inhérente au cerveau primitif, une propriété émergente de l’être, issue de processus mentaux, mais fondamentalement hors de portée des prescriptions de la raison. » 

Mon compagnon de vie

Son départ m’a plongée dans une affliction si intense, qu’il m’a fallu 6 mois avant de le partager sur ce blogue. Voici ce que j’ai écrit au lendemain de son décès:

Le 10 mai 2021

Mon grand amour nous a quittées hier soir. Il est décédé à la maison, dans son lit, dans mes bras et dans les bras de France, sa fille chérie. Ses souffrances n’auront duré que quelques instants. Il est parti comme il le souhaitait, sans acharnements thérapeutiques.

Roger était un athée convaincu et un grand humaniste. Il a fait des études en philosophie et a été l’un des cofondateurs de la Libre Pensée québécoise, un fait ignoré par plusieurs qui le connaissait pourtant bien. Il a été l’un des conférenciers de la Libre Pensée québécoise, au congrès des humanistes d’Amérique du Nord en juin 1987 à Montréal. Il a aussi écrit plusieurs textes et éditoriaux dans la revue de la Libre Pensée. L’un de ses articles au sujet de l’écologie avait même attiré l’attention d’Henri Laborit. Il en était très fier. Nous partagions avec bonheur nos pensées philosophiques, notre amour des livres et nos luttes pour l’indépendance, la laïcité et le féminisme.

C’était un homme d’exception, un être généreux, ouvert, sociable, réaliste, spontané, attentif aux autres, protecteur, fier et toujours calme… Un artisan doué. Un excellent cuisinier. Il aimait la vie et le monde l’aimait. Il m’avait choisi, moi, sa reine, sa chérie, sa compagne.

Un jour, mon amie Monique me disait qu’il m’avait beaucoup gâtée. En réalité, il m’a beaucoup aimée. Et je porterai toujours fièrement son amour dans mon cœur.

Je penserai toujours à lui en lisant un bon livre, en arrosant mes plantes ou en fumant mon joint….

Il me manquera toujours.

Les accusateurs publics

Les wokes et leurs accusations d’appropriation me lève le cœur. En s’en prenant ainsi à la réalité, ils vont bientôt se retrouver dans un monde chimérique, fat, sans surprises et sans créations, dépourvu de toutes aspérités. Un monde lisse et défensif. Aujourd’hui, certains artistes et humoristes y pensent par deux fois, avant de se produire. Les écrivains s’autocensurent, les sculpteurs, les peintres se demandent si leurs œuvres auront l' »imprimatur »de cette caste frileuse et destructrice. C’est incroyable le contrôle qu’ils se donnent ! Une lutte sans merci est engagée entre les tenants de la liberté d’expression et ceux de la réprobation publique. Qui vaincra ? C’est trop tôt pour le dire, mais notre bataille devra être méthodique et efficace, car ces wokes sont aux portes du pouvoir. 😠

Mémoire d’Orford

Sa tête repose sur l’oreiller, des chansons de Ferré en fond sonore. Nos odeurs emmêlées habitent les lieux, enivrants, sauvages. Lovée si parfaitement contre son dos je l’écoute dormir, soucieuse de ne pas déranger ses rêves. Là où il est, les paroles de Léo l’atteignent en douceur. Entre deux sommeils, il fredonne à l’unisson, sans se douter combien le moment est empreint de beauté. Les mots, venus de la mémoire du temps, s’écoulent tendrement entre ses lèvres, au bord du cœur. Comme toujours, le timbre de sa voix est envoûtant, sensuel. Son corps, où le feu brûlait il y a quelques instants, respire encore de désirs inassouvis.

Il se lève et sans un mot, il choisit une à une les chansons qui l’apaisent. Je serre l’oreiller contre mon ventre pour calmer l’orage qui me brûle la peau. Impossible à retenir, une vague de sanglots m’envahit comme l’orgasme. Plus tard, bien plus tard, il revient vers la chaleur de mon corps, murmurant des paroles d’amour empruntées à Léo. Je m’endors enfin dans ses bras, égrenant des mots qu’il n’entend pas:

Je t’aime ! Je vous aime !

À l’aube, j’ai ajusté mon pas dans le sien sans qu’il sache que cette nuit-là, nous avions habité le même lieu,

et la même solitude.

Jeudi 2 février 2006

Quand les mots perdent leurs sens ou le racisme inversé

Ce texte résulte d’une conversation entre Danielle Soulières et Céline Laplante

Notre histoire raconte les luttes menées pour l’égalité, la laïcité, l’indépendance, la préservation de notre langue, le droit à l’avortement, la politique de la petite enfance, les congés parentaux, le droit de mourir dans la dignité, etc.  Ces héritages sociaux, toujours fragiles ou inaccomplis, sont nés du bouillonnement des idées et de l’espoir d’un avenir meilleur pour toutes et tous, à une époque où nous avions l’impression de refaire le monde. D’une même voix, les féministes ont accompli plus que leurs parts pour articuler les exigences du vivre-ensemble dans une société démocratique. 

Mais voilà que nous voyons surgir de nouveaux idéologues issus du multiculturalisme : des inclusifs, des racialistes, des genristes, et d’autres inquisiteurs de la pensée qui « soufflent sur les braises de l’intolérance ».  Pour eux, la notion de race n’est plus biologique, mais sociale. Ils prônent « l’assignation » de l’individu à son épiderme et à son « genre » et condamnent avec agressivité les blancs plutôt que leurs privilèges.  La « blanchité » et les TERFS (trans-exclusionary radical feminist), insulte contre celles et ceux qui critiquent les théories de l’identité du genre et qui affirment la réalité biologique de deux sexes, deviennent les ennemis à abattre.

Les mots perdent leurs sens.

Au Québec, on accuse de racistes les combattants de la laïcité et celles et ceux qui préconisent la fin du religieux en situation de pouvoir. Il en va de même de la sauvegarde de la langue française toujours bafouée, ainsi que les discours sur l’affirmation d’une culture distincte. On censure les œuvres d’arts trop osés, les livres d’un auteur déconsidéré, les pièces de théâtre où les personnages de noirs sont interprétés par des blancs, les vieux classiques où les acteurs ont tenu des propos racistes ou homophobes. Pour avoir osé dire que « Les gens qui ont des règles sont des femmes », on accuse l’écrivaine J.K. Rowling d’avoir exprimé des propos transphobes. Le racialiste gagne du terrain et radicalise tous nos débats de société. Personne ne sait où cela va nous mener. Le déboulement et le vandalisme des statues, nous invitent à réfléchir à l’histoire humaine et à faire œuvre de pédagogie pour penser l’avenir plutôt que de faire le choix de la destruction, complètement suicidaire pour la liberté, le vivre-ensemble et la démocratie.

En entrevue, Caroline Fourest explique que « La tendance est à la purification et à la censure. Et le pire, c’est que cette demande émane des jeunes générations. Quand la jeunesse demande la censure, c’est qu’elle n’est plus du côté de la liberté ».

Une question s’impose alors. Privés de l’esprit critique de la pensée, les jeunes formés au cours « Éthique et culture religieuse » et qui pour une bonne part, n’ont que les réseaux sociaux pour s’éduquer, seraient-ils plus susceptibles d’adhérer aveuglément à l’antiracisme/racialiste ? Synchro avec Québec solidaire, la gauche intersectionnelle et les tenants du multiculturalisme qui surfent en silence sur cette réalité, ces jeunes en quête de combats et d’émotions auraient eux aussi une « appétence particulière pour les combats des minorités« .  Ce qui semble louable et tout à leur honneur, sauf que certains de leurs combats actuels voilent le développement de la pensée « à-venir ».

La vidéo du meurtre horrible de George Floyd leur a donné une appréciation « globalisée » du racisme. Suffisamment en tout cas pour partir au front sans trop se questionner ou replacer les choses dans leur contexte. Ces nouvelles générations sont plus ouvertes à la diversité, partout dans le monde où elles peuvent s’exprimer. Mais, individualiser les combats au lieu d’en faire une lutte commune, diviser au lieu de se regrouper ne prépare pas à un avenir démocratique pour tous. Sans doute verront-ils les « racismes sociaux » se multiplier, du moins dans les sociétés occidentales. À quel prix ? La perte de la liberté collective et du cloisonnement à des droits individuels plutôt qu’universels.

Plier l’échine et se vautrer dans une culpabilisation collective n’est pas une solution envisageable. Au contraire, s’il faut encore se battre, faisons-le avec intelligence, en exprimant fortement notre désaccord et en utilisant des armes pédagogiques pour les inviter à penser l’avenir.

Que cela se dise, pour nous les mots ont un sens.

Hommage à ma maman!

Un an déjà ! Un an de questionnements, de recherches et d’incompréhension. Un an pour enfin accepter que je ne connaitrai  jamais toutes les raisons qui ont conduit ma mère biologique à m’abandonner. Je suis triste à l’idée de ne pas avoir pu la serrer dans mes bras et lui dire «je comprends » et « je t’aime ».

À l’âge de 17 ans, Clairette, la fiancée de mon frère André, passait la nuit à la résidence familiale, lorsqu’elle fut brutalement violée par mon père, alors âgé de 50 ans. Il étouffa ses cris avec un oreiller pour l’empêcher d’ameuter les autres qui dormaient à l’étage. Quatre mois plus tard, elle se mariait avec André. On ne peut qu’imaginer ce qui s’est passé pendant ces quatre mois.

Ma maman était une très belle femme : les pommettes hautes, le sourire large et le regard éclatant d’intelligence. Je montrais fièrement ses photos à mes amis. Elle était ma belle-sœur et ma marraine et jamais je n’aurais pensé qu’elle était également ma maman. Pendant mon enfance, nous étions ensemble aux fêtes de Noël et de Pâques. Je passais les deux mois de mes vacances d’été en sa compagnie et celle de mes neveux, Michel et Claude, qui en réalité étaient mes frères. J’ai encore en mémoire quelques-un de ces moments heureux: les pièces de théâtre que nous montions, les chaises bien alignées et les draps blancs attachés sur des cordes à linge, les récitations et les éclats de rire de mes « neveux », nos marches quotidiennes vers le camp de jour que nous fréquentions tous les trois, nos balades en canot dans les rues de Pointe-Calumet, lors des inondations. Et surtout, ces flashs qui me reviennent de nos après-midi à la plage :  Clairette avec son panier de sandwichs et de biscuits et cet horrible jus d’orange; Clairette, retirant une à une, avec du sel, les sangsues qui couvraient mes jambes; Clairette, étendue sur sa serviette, le corps bronzé, souriante et heureuse…

Lorsque j’eus 9 ans, mon père décéda et quelque temps plus tard, André m’empêcha impérativement de la revoir. Je ne compris pas ses véritables raisons, croyant sa nouvelle femme jalouse de nos rencontres (il y avait aussi de ça). À 16 ans, défiant son interdit, je me rendis à Montréal pour renouer des relations avec elle et avec mes neveux et j’en subis les conséquences. Ce fut la dernière fois que je la vis.

Sortant à peine de l’enfance, ce viol atroce qu’elle a subi, la perte de son premier enfant, les reproches mal dirigés de mon frère, la déclarant coupable au lieu de la voir comme une victime, ont détruit ses rêves et tous ses espoirs. Les menaces constantes lui ont pourri la vie. S’enivrer devint la seule voie pour oublier. Atteinte d’un cancer, Clairette est décédée à New York à l’âge de 51 ans. Un peu avant de mourir, elle confia à son fils Claude que j’étais sa sœur et lui demanda de me retrouver, mais de ne surtout pas en parler à son père. Au seuil de la mort, elle craignait encore pour sa vie. Malheureusement, personne n’a cru mon neveu et ceux qui étaient au courant sont restés muets. 

Sauf notre tante Jeannine, la sœur de maman. À la suite d’un AVC qui lui laissa quelques séquelles, et craignant de mourir en emportant avec elle ce lourd secret, elle consulta un psychologue, qui l’encouragea fortement à tout nous raconter. Avec délicatesse et émotions, elle nous apprit la triste histoire de ma naissance. Ces révélations ont remis à jour mon identité et déconstruit les mensonges qui ont jalonné mon enfance.

Aujourd’hui, tous les protagonistes étant décédés, il est impossible de savoir pourquoi mon père et sa femme ont pris la décision de me garder. Mon frère voulait-il à tout prix se débarrasser de l’enfant à naître ? Mon père a-t-il reçu des menaces de sa part ? Il semble qu’il y ait eu une entente entre les deux parties : mon père promis que je ne manquerais jamais de rien et de pourvoir à mon éducation. Il n’y eut aucun papier d’adoption. À l’hôpital, on demanda à maman de quitter le lit où elle venait de me mettre au monde et de se faire discrète dans un coin de la chambre. Ma nouvelle mère se coucha alors dans le lit et avec moi dans ses bras, se fit prendre en photo pour la postérité. Ensuite, on mit son nom sur le baptistaire et le tour fut joué. Ces gestes ont suffi pour enterrer une histoire honteuse.

Personne ne s’interroge sur ce que ressent l’enfant du viol. Il m’est difficile et même horrible de penser que si ce viol n’avait pas eu lieu, je n’aurais pas existé.

Un grand merci à ma chère tante Jeannine qui a eu le courage de tout nous dévoiler et à mon frère Claude qui ne perdit jamais espoir.

Covid-19 – Mes souvenirs de la grippe asiatique

En 1957, j’étais pensionnaire au couvent de Coaticook lorsqu’est arrivée la pandémie de la grippe asiatique. Nous étions à la queue leu leu, collées les unes sur les autres pour recevoir le vaccin qui devait nous protéger. À l’époque on ne connaissait pas les distances à prendre pour éviter la contagion.  Après l’injection, je suis tombée subitement dans les pommes. Malade et dans un quasi-coma fiévreux, je suis restée avec les autres jeunes, dans un dortoir où les lits n’étaient séparés que par un simple chiffonnier. Notre quarantaine a duré 40 jours. Pendant des années, j’ai pensé naïvement que le vaccin était responsable de ma contamination. Chaque année j’évitais soigneusement les vaccins contre la grippe. Un jour, dans un CLSC, un médecin attentif à ma crainte m’a expliqué que j’étais alors déjà contaminée et que le vaccin n’y était pour rien. Depuis, je me fais vacciner tous les ans contre le virus de la grippe.

Articles plus récents »

© 2024 Des mots…

Thème par Anders NorenHaut ↑