Sa tête repose sur l’oreiller, des chansons de Ferré en fond sonore. Nos odeurs emmêlées habitent les lieux, enivrants, sauvages. Lovée si parfaitement contre son dos je l’écoute dormir, soucieuse de ne pas déranger ses rêves. Là où il est, les paroles de Léo l’atteignent en douceur. Entre deux sommeils, il fredonne à l’unisson, sans se douter combien le moment est empreint de beauté. Les mots, venus de la mémoire du temps, s’écoulent tendrement entre ses lèvres, au bord du cœur. Comme toujours, le timbre de sa voix est envoûtant, sensuel. Son corps, où le feu brûlait il y a quelques instants, respire encore de désirs inassouvis.

Il se lève et sans un mot, il choisit une à une les chansons qui l’apaisent. Je serre l’oreiller contre mon ventre pour calmer l’orage qui me brûle la peau. Impossible à retenir, une vague de sanglots m’envahit comme l’orgasme. Plus tard, bien plus tard, il revient vers la chaleur de mon corps, murmurant des paroles d’amour empruntées à Léo. Je m’endors enfin dans ses bras, égrenant des mots qu’il n’entend pas:

Je t’aime ! Je vous aime !

À l’aube, j’ai ajusté mon pas dans le sien sans qu’il sache que cette nuit-là, nous avions habité le même lieu,

et la même solitude.

Jeudi 2 février 2006